(Co)design: révolution ou dérive démocratique ?

Le 24 mars dernier, avec ma collègue Caroline Gagnon, nous avons organisé un débat portant sur le thème du co-design dans le cadre de la nuit des débats. J’en profite pour remercier les organisateurs de La nuit des débats, événement ayant regroupé 32 débats à Montréal, sans compter le fait qu’en parallèle, se tenait à Paris et Dakar d’autres débats tout aussi stimulants. C’en est presque rageant, si j’en avais eu l’occasion, je serai allé à nombre d’autres rencontres qui se sont tenues au même moment!

Pour finir avec les remerciements, je souhaite vraiment remercier chaleureusement les personnes présentes parmi le public ainsi que les participants que nous avions invités, et dont la présence s’est révélée pour chacun extrêmement stimulante. Nous avons eu la chance d’échanger avec :

  • Alexandre Berkesse | Directeur, École du partenariat en santé, Faculté de médecine de l’Université de Montréal
  • Jonathan Lapalme | Fondateur Les interstices – Atelier de design stratégique
  • Caroline Magar | chargée de projet, Les interstices – Atelier de design stratégique
  • Hugo Steben | Directeur de la Maison de l’innovation sociale
  • Nadim Tadjine | étudiant au doctorat en design, innovation sociale et publique, Université Laval.

À tous les cinq, mille mercis ! Pour info, en guise d’appel à participation, voici ce que nous en avions précédemment dit:

Depuis plusieurs années, nos institutions utilisent le co-design comme pratique intégrative afin d’améliorer la participation citoyenne, diminuer l’écart croissant entre institutions et individus.
Pourtant, quelles significations réelles derrière ces pratiques de co-design ? Y a-t-il une véritable participation citoyenne ?

Souvent portées par de petits groupes, par des personnes ne représentant pas nécessairement le public en général, elles tendraient à légitimer la décision politique en utilisant le terme d’acceptabilité sociale. En outre, les participants, nécessairement impliqués dans l’action politique, ne pourraient plus se permettre de contester librement, imbriqués dans le processus de transformation de l’action publique dans un projet.

Est-ce à dire que toute activité de co-design serait vouée à annihiler sa critique ? À s’autolégitimer ? Peut-on limiter le design et sa capacité transformatrice à des activités de co-design ? Comment alors penser le design de politique publique ?

Pendant les trois heures du débat, nous avons eu l’occasion de discuter des intérêts, enjeux, de l’historique, des pratiques de co-design. Le tout dans une perspective pluraliste. Les échanges ont été particulièrement riches. De manière non exhaustive, nous avons traité: de l’évolution du design au co-design ; des différentes interprétations de ce qu’est le co-design ; de son contexte social, managérial, économique, idéologique ; des dérives potentielles ; de la recherche (futile?) de consensus ; de la perspective solutionniste ; du rôle de facilitateur et des compétences associées ; de la nécessité d’intégrer un designer dans la démarche ; de la reprise par les gestionnaires trop souvent en évidant de son sens la-dites démarche ; des différentes temporalités s’entrechoquant ; des enjeux de pouvoir reliés au co-design ; de l’indisciplinarité (bâtardise disciplinaire) nécessaire ; des logiques top-down et bottom-up ; de la démarche méthodologique ; de la difficulté de sélection des participants ; des « manipulations » éventuellement nécessaires.

À la lecture de ce paragraphe, le lecteur sera peut-être déçu de n’avoir pas pu être présent (et il aurait raison). L’échange a été si fructueux que Caroline Gagnon et moi souhaitons reprendre et structurer un peu les éléments abordés, dans le cadre d’un compte-rendu ou d’un article. Le médium reste à définir. Plus d’infos à venir dans les prochaines semaines !

Quelques références

Pour nous préparer, voici quelques références qui nous ont aidés pour nous préparer en vue de la rencontre, pour ceux souhaitant approfondir la question:


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