Perspectives plurielles du design : évolution ou transformation de la recherche et des pratiques ?

Appel à communication, Dans le cadre du congrès de l’ACFAS, les 27 et 28 mai 2019, Canada

Problématique

Évoluant tout en maintenant vivante ses approches traditionnelles, le champ du design s’est ouvert à de nouvelles pratiques, de nouvelles approches théoriques et de nouvelles méthodologies à travers le temps et notamment depuis les années 2000. Si comme Buchanan l’expliquait déjà en 1992, le design concerne des interventions à des échelles allant de l’image, à l’objet, à l’espace et au système, il se décline maintenant en autant de pratiques, de modèles théoriques et de méthodologies qu’il convient de situer et d’interroger.

  • Des pratiques plurielles. Ainsi, au-delà des pratiques traditionnelles du design graphique, d’intérieur, de produits, se sont développées le design d’interactions (Bill Buxton, 2007 ; Norman, 2002), le co-design (Sanders & Stappers, 2008; Meroni et al., 2018), le design de service (Kimbell, 2014; Sangiorgi & Prendiville, 2017), le design d’expériences (Shedroff, 2001 ; Hassenzahl, 2010), le design d’interfaces, et le design d’information (Horn, 1999), le design management (Borja de Mozota, 2018), le design thinking (Brown, 2014) dans les milieux corporatifs, politiques et administratifs (Julier & Kimbell, 2016), le design de politiques (27e Région, 2010; Bason, 2014; Kimbell, 2015).
  • Des perspectives conceptuelles et théoriques multiples avec l’apparition entre autres, d’une réflexion sur la responsabilité (Papanek, 1972) sur l’innovation sociale (Manzini, 2015), l’activisme par le design (Fuad-Luke, 2009) sur le féminisme (Sparke, 1995, Buckley, 2009), sur la décolonisation (Escobar, 2018), sur le design de transition (Irwin, 2015) ouvrant elles-mêmes de nouvelles pratiques critiques et avenues de recherche.
  • Des méthodologies diversifiées issues d’un ancrage de plus en plus affirmé avec les sciences humaines et sociales, qui tend à transformer les liens du design avec les arts appliqués et les sciences de l’artificiel (Simon, 2004). Cet ancrage amène des méthodes reposant sur une compréhension fine des perspectives cognitives, sociologiques, anthropologiques de l’expérience humaine.

Le design demeure l’activité transdisciplinaire qu’il était déjà, mais il s’étend sur ses pratiques, ses théories, ses méthodes, ouvrant alors de toutes nouvelles perspectives tant en matière de recherches que de pratiques. En touchant aux enjeux pratiques, théoriques et méthodologiques, c’est finalement également la question de l’assise épistémologique et des spécificités des métiers du design qui se posent. Ces nouvelles frontières du design poussent donc également à réfléchir sur son identité profonde.

Ce colloque vise à réfléchir à ces mutations en cours et à venir. Plusieurs questions pourront y être traitées, de manière non exhaustive, en voici quelques-unes : quelles relations entre les approches traditionnelles et renouvelées du design ? Quels impacts de ces nouvelles pratiques, théories ou approches ? En s’étendant de la sorte, peut-on encore parler de design ? Faut-il repenser les assises épistémologiques du design ? Quelles tendances futures pour le design ?

Pertinence

Le colloque vise une meilleure compréhension de la transformation et de l’évolution des activités de design, tant au niveau de sa pratique que de la recherche, afin de produire de nouvelles connaissances conceptuelles, théoriques qui permettront de dessiner les pourtours d’un portrait plus juste des enjeux contemporains auxquels fait face le design – et auxquels font face les designers. Les échanges entre les différents membres de la communauté du design intéressés par les thèmes proposés offriront certainement des retombées pertinentes d’un point de vue scientifique, mais aussi d’un point de vue social. En effet, le colloque vise à permettre la diffusion de travaux entre chercheurs et praticiens en design. En effet, les échanges se veulent accessibles aux praticiens qui auraient développé une approche réflexive poussée. Il est fondamental de contribuer à nourrir une relation entre le monde professionnel et le milieu universitaire, afin de développer les transferts de connaissances et de pratiques. De plus, Armstrong et al. (2014) soulignent dans un rapport commandé par le Arts & Humanities Research Council en Angleterre que la pratique du design a, depuis quelques années, élargi sa portée et s’engage maintenant dans de nouveaux champs, comme celui de la politique, mais que la recherche en design n’a, dans l’ensemble, pas su suivre cet élan. Pourtant, l’intérêt grandissant des différents intervenants (étudiants, professionnels et chercheurs) pour le design à portée sociale permet de constater que sa pratique a devancé la capacité de sa recherche, du moins dans le contexte anglais décrit par Armstrong et al. Il serait donc pertinent, voire important, d’établir un état de la situation auprès de la communauté francophone du design.

Objectifs

Le colloque vise quatre objectifs : 1) Au niveau scientifique, développer une meilleure compréhension des mutations en cours, en vue de comprendre comment ces mutations impactent les activités de design, y compris les activités traditionnelles du design. Reconnaître en particulier les démarches de recherche action / création, qui contribuent aujourd’hui à l’ancrage épistémologique du design. 2) Au niveau de la relève en recherche, offrir aux chercheurs juniors la possibilité de présenter leurs travaux en lien avec leur recherche de maîtrise ou de doctorat, et d’avoir un retour de la communauté de chercheurs établis. 3) Au niveau communauté des chercheurs en design, réunir dans le cadre d’un colloque annuel lors de l’ACFAS les chercheurs en design de la communauté francophone, et plus particulièrement ceux présents au Québec pour enrichir la dynamique de recherche et 4) renforcer les liens les professionnels du design.

Format

Le format prévu est une organisation sur une journée et demie (27 et 28 mai 2019).

  • La première demi-journée organisée l’après-midi fera intervenir des chercheurs juniors (étudiants de 2e et 3e cycle) présentant leurs travaux, en vue de les aider dans le développement de leurs problématiques, méthodes de recherches, etc. La présence de chercheurs seniors vise à aider les étudiants dans l’élaboration de leurs recherches. Il est prévu de faire intervenir 8 à 10 étudiants à raison de 30 minutes par intervenant.
  • La journée du 28 mai sera l’occasion d’intervention de travaux de recherche en lien avec la thématique du colloque.

Processus et critères de sélection des conférenciers

  1. Un résumé d’une page maximum est à envoyer à design.acfas2019@gmail.com. Préciser si vous postulez dans la catégorie
    1. chercheur junior – recherche en cours ou
    2. dans la section principale.

Date limite pour candidater : 25 février.

  • Les communications seront évaluées par le comité scientifique sur la base de trois critères : pertinence du sujet ; qualité de la méthodologie ; originalité (ou rigueur) de l’apport conceptuel/théorique et/ou empirique.
  • La réponse aux conférenciers sera délivrée début mars.


Références

  • 27e Région, (2010), Le design des politiques publiques, Paris : La documentation française.
  • Armstrong, L., Bailey, J., Julier, G. & L, Kimbell. (2014). Social Design Futures. University of Brighton : England.
  • Bason, C. (Ed.). (2014). Design for Policy. London: Routledge.
  • Borja de Mozota, B. (2018). Quarante ans de recherche en design management : une revue de littérature et des pistes pour l’avenir. Sciences Du Design, (7), 28–45.
  • Brown, T. (2014). L’Esprit design: Comment le design thinking change l’entreprise et la stratégie. Montreuil. Pearson Education.
  • Buchanan, R. (1992). Wicked Problems in Design Thinking. Design Issues, 8(2), 5–21.
  • Buckley, C. (2009). Made in Patriarchy: Theories of women and design- a reworking. In H. Clark & D. E. Brody (Eds.), Design studies: a reader. Oxford ; New York: Berg.
  • Buxton, W. (2007). Sketching user experiences: getting the design right and the right design. Amsterdam: Elsevier/Morgan Kaufmann.
  • Escobar, A. (2018). Designs for the pluriverse: radical interdependence, autonomy, and the making of worlds. Duke University Press.
  • Fuad-Luke, A. (2009). Design activism. Beautiful strangeness for a sustainable world. New York, NY : Taylor & Francis.
  • Hassenzahl, M. (2010). Experience Design: Technology for All the Right Reasons. Synthesis Lectures on Human-Centered Informatics, 3(1), 1-95.
  • Horn, R. E. (Ed.). (1999). Information design. The MIT Press.
  • Jullier,G. & L. Kimbell. (2016). Co-Producing Social Futures Through Design Research, University of Brighton.
  • Kimbell, L. (2015). Applying design approaches to policy making: discovering policy lab. Brighton: University of Brighton. Retrieved from http://ualresearchonline.arts.ac.uk/9111/
  • Manzini, E. (2015). Design, when everybody designs: an introduction to design for social innovation. Cambridge, Massachusetts: The MIT Press.
  • Meroni, A., Selloni, D. & M. Rossi. (2018). Massive Codesign : A Proposal for a Collaborative Design Framework. FrancoAngeli : Milano, Italy.
  • Norman D. A. (2002), The design of everyday things. New York : Basic books.
  • Papanek, V. J. (1972). Design for the real world: human ecology and social change. New York: Pantheon Books.
  • Sanders, E. et P.J. Stappers, (2008), « Co-creation and the new landscape of design », Co-design, 4(1): 5-18.
  • Simon, H. (2004). Les Sciences de l’artificiel. Gallimard.
  • Shedroff, N. (2001). Experience Design 1. New Riders : Indianapolis, Ind.
  • Sparke, P. (1995). As long as it’s pink. London: Pandora.

Comité scientifique

Walid Belazreg, Université Côte d’Azur, CNRS GREDEG Sophia Antipolis ; Estelle Berger, Strate école de design ; Guillaume Blum, École de design de l’Université Laval ; Colin Côté, École de design de l’Université Laval ; Valérie Côté, École de design de Université Laval ; Michel de Blois, École de design de l’Université Laval ; Claudia Déméné, École de design de l’Université Laval ; Alain Findeli, Université de Nîmes ; Caroline Gagnon, École de design de l’Université Laval ; Philippe Gauthier, École de design de l’Université de Montréal ; Tatiana Leblanc, École de design de l’Université de Montréal ; Jocelyne Le Bœuf, L’École de design Nantes Atlantique ; Pascal Lièvre, Université de Clermont Auvergne ; Frédéric Lépinay, École de design de l’Université Laval ; Marie D. Martel, EBSI, Université de Montréal ; Frédérique Pain, Strate école de design ; Sébastien Proulx, Ohio State University ; Stéphane Vial, École de design de l’UQAM.

Comité organisateur

Guillaume Blum, Valérie Côté, Sonia Cadoret, Justin Gélinas, Juliette Griesemann, Raphaël Guyard, Marie-Pier Savard.

Contact : design.acfas2019@gmail.com


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