Le designer : acteur de l’économie et de l’innovation responsable.

Je reproduis ici le court texte paru dans le livret des finissants 2018 en design de produits. L’occasion d’aller voir les magnifiques projets de nos – ex – étudiants. L’une des caractéristiques du programme en design de produits de l’Université Laval est sa dimension entrepreneuriale (au sens large), nos étudiants étant amenés à développer un modèle économique pour leur produit.

Blum, G. (2018). Le designer : acteur de l’économie et de l’innovation responsable. In cohorte 2018 (Éd.), Première Expo (p. 87). Québec, Canada: École de design, Université Laval. Consulté à l’adresse https://www.design.ulaval.ca/files/design/LivretBDP2018.pdf

Le design est plus qu’une discipline. C’est une attitude, une approche non pas linéaire et progressive, mais tourbillonnante, pleine de vie, de passion, de compréhension, de curiosité, d’interrogation du réel, menant à un résultat, une innovation. Pour devenir réalité, l’innovation a besoin d’une structure, d’une organisation, d’un modèle économique et organisationnel. Cela peut se retrouver dans une entreprise déjà existante, mais ces dernières sont moins aptes à innover parce que déjà structurées, possédant leurs propres routines organisationnelles (Nelson et Winter, 1982), leurs sentiers de dépendance préexistants (David, 1994) menant à un enfermement créatif et économique. C’est pour cela que l’on retrouve souvent l’innovation associée à de jeunes entreprises, qui n’ont rien à perdre dans une perspective évolutionniste de l’économie. Ainsi, Schumpeter (1911) a fait de l’entrepreneur l’acteur central du capitalisme.

Or l’entrepreneuriat est le plus souvent associé aux écoles de gestion. Pourtant dans l’action d’entreprendre, il y a l’acte de créer, d’innover. Il y a cette folie nécessaire, mais maîtrisée, si lointaine de l’activité gestionnaire telle qu’elle est couramment enseignée dans les facultés d’administration, si proche de la démarche du design. Certes, un certain nombre d’apprentissages sont à faire sur la maîtrise d’outils de gestion. Mais ils ne sont pas centraux. Vaut-il mieux former un designer aux outils de la gestion ou un gestionnaire aux outils du design? La question n’est pas tranchée, mais les diplômés du baccalauréat en design de produits reçoivent aussi une solide formation en gestion. Et peut-être l’erreur, dans nos sociétés individualistes, est de vouloir faire reposer l’entrepreneuriat sur un seul individu plutôt sur une démarche partenariale.

Les diplômés du baccalauréat en design de produits sont formés à l’innovation et l’entrepreneuriat par le design, dans une perspective humaniste, sociétale, responsable, collective. Parce que peut-être jamais autant qu’aujourd’hui – de par les transitions climatique, numérique, sociétale, technologique – nous n’avons eu besoin de vrais innovateurs, de vrais entrepreneurs. Bref, de vrais designers.

Souhaitons le meilleur à nos diplômés, pour le futur du Québec, du Canada, de toute l’humanité.

Bibliographie

David, P. A. (1994). Why are institutions the ‘carriers of history’?: Path dependence and the evolution of conventions, organizations and institutions. Structural Change and Economic Dynamics, 5(2), 205‑220.

Nelson, R. R., & Winter, S. G. (1982). An evolutionary theory of economic change. Belknap Press of Harvard University Press Cambridge, Mass.

Schumpeter, J. (1911). Théorie de l’évolution économique. Recherche sur le profit, le crédit, l’intérêt et le cycle de la conjoncture. Consulté à l’adresse http://classiques.uqac.ca/classiques/Schumpeter_joseph/theorie_evolution/theorie_evolution_2.pdf


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